ALCHI a 10 ans !

Très sincèrement, nous aurions aimé ne pas fêter cet anniversaire, mais l’inefficacité des institutions et des élus en a voulu autrement…

ALCHI est née officiellement le 13/08/2011 suite aux inondations de taudis loués par un certain M. M., artisan ayant pignon sur rue dans la région de Guingamp, quartier Sainte-Croix à Guingamp. S’en suit alors un périple rocambolesque, au sein du département des Côtes d’Armor, dans le monde des marchands de sommeil et autres loueurs de taudis.

Il y a dix ans ALCHI revendiquait haut et fort le logement décent pour tous. ALCHI a gravé dans son ADN qu’il n’y aurait aucune négociation, aucun compromis ni aucun arrangement avec les loueurs de taudis et marchands de sommeil et que tout se réglerait devant les tribunaux. Cela est toujours d’actualité !

ALCHI, envers et et contre tout (et tous), c’est au bout de 10 ans :

  • 131 interventions sur le département ;
  • 52 affaires d’accompagnement aux tribunaux d’instance et administratif ;
  • 24 arrêtés préfectoraux (insalubrité et logement impropre à l’habitation) ;
  • 9 négociations directes avec les propriétaires.

Il est à noter que dans 90% des affaires une demande de FSL avait été effectuée, parfois en indiquant même que le logement était indécent : que font la CAF et la MSA !? Dans certains cas également nous sommes intervenus dans des logements conventionnés, bien évidemment non contrôlés, sans parler non plus des logements loués sans aucun scrupule par certaines agences immobilières

Au cours de ces dix années nous avons eu affaire à de nombreux interlocuteurs, nous souhaitons donc les remercier ici de manière officielle :

  • Noël Le Graët, maire de Guingamp de juin 1995 à mars 2008, qui a laissé s’installer dans sa ville la misère dont les logements insalubres en sont les plus belles illustrations ;
  • Annie Le Houérou, maire de Guingamp de mars 2008 à avril 2014, conseillère générale du canton auparavant (désormais sénatrice), qui n’a pas fait mieux que son mentor (cf. ci-dessus). Pire, elle n’a même voulu recevoir le représentant d’ALCHI à l’époque que dans un couloir, entre deux rendez-vous, sans aucune considération et de manière hautaine dont elle est coutumière. Son inaction a d’ailleurs été saluée par la remise du trophée d’insalubrité qu’elle doit conserver précieusement nous n’en doutons pas ;
  • Mention spéciale à la CAF et la MSA que nous considérons comme les grands argentiers des marchands de sommeil et loueurs de taudis, ne contrôlant aucun logement (notamment ceux concernant une demande de FSL, les plus à risque) lors de la mise en location : les propriétaires indélicats les remercient ;
  • L’ADIL et la Fondation Abbé Pierre qui, il y a environ 7 ans, ont organisé des journées de l’habitat indigne sans inviter ALCHI (sans doute sous pression de certains élus), alors que nous étions déjà largement dans la place, comme par exemple avec les caves de Saint-Brieuc (où les locataires ont été envoyés par ADALEA, une association financée en partie par nos impôts) ;
  • M. Martin, directeur régional de la Fondation Abbé Pierre, qui lors d’une visite courtoise a proposé de nous aider (subvention de 3000€ et permanence à Saint-Brieuc) en échange de complaisances avec les élus (qui seraient nos alliés), ce que vous imaginez bien nous avons refusé. Nous nous sommes d’ailleurs bien rendu compte que ces élus étaient loin d’être nos alliés, voire parfois de véritables obstacles ;
  • Un conseiller municipal de la communauté de communes de Guingamp, qui, accompagné de son fils, a cherché à nous mettre la pression par ses menaces non voilées : ça nous a motivé encore plus ;
  • Un gendarme de Guingamp qui est venu en toute illégalité menacer un locataire de représailles dans son appartement parce qu’il avait osé envoyer son propriétaire (un ami) devant le TI : SCI qui a depuis déposé les bilan après avoir perdu son procès ;
  • M. Kerlogot, alors conseiller départemental, qui nous avait eu un RDV le 05/12/2016 avec Mme Sylvie Guignard, dont nous attendons toujours les réponses à nos questions et propositions ;
  • M.Hamon, alors président de Guingamp Communauté, qui a été le premier élu à nous recevoir, mais que nous avons après retrouvé en tant que maire de Ploumagoar, et que nous avons dû envoyer au tribunal administratif pour qu’il respecte son obligation de faire afficher l’arrêté préfectoral d’un logement impropre à l’habitation (dans des caves) sur sa commune. Malheureusement depuis nous avons eu affaire à son successeur et ça ne semble pas partir dans la bonne direction non plus ;
  • M. Kerlogot encore, alors député de la circonscription, qui nous avait assuré qu’il soutiendrait un amendement pour ramener l’application du RSD au niveau de l’ARS (vu que les élus ne font rien) et que nous attendons toujours : sa victoire a été la mise en place d’un numéro vert qui renvoie vers l’ADIL… Sans parler des multiples rendez-vous où nous avons dû à chaque fois répéter la même chose et qui ont fini par nous lasser : bravo !
  • Guingamp Communauté à l’époque (2014), qui a mis en place un Comité de Lutte Contre l’Habitat Indigne qui pour nous n’a été qu’une façade pour éviter qu’il n’y ait trop de vagues à ce sujet lors des municipales de 2014. D’ailleurs, nous aimerions bien savoir ce qu’il est devenu et s’il a été transféré à GPA ;
  • M. Le Goff, maire de Guingamp actuel, digne héritier de ses mentors aussi, qui, même s’il nous avait paru convaincu lors de notre premier (et dernier rendez-vous) ne semble pas avoir le courage de ses ambitions ou avoir pris plutôt le parti de gentrifier la ville plutôt que de rendre les logements décents pour ceux qui la font vivre ;
  • La DT-ARS des Côtes d’Armor, qui, après le départ à la retraite de l’ancien technicien en charge de ces questions, est aux abonnées absentes et ne répond plus à nos sollicitations (pressions ?) ;
  • Tous les maires auxquels nous avons eu affaire, qui au mieux n’ont rien fait (ou à la marge) ou au pire nous ont insultés (« cassos », « parasite », « bon à rien »,…) et menacés ;
  • Au procureur de la République qui n’a pas voulu poursuivre les propriétaires dans les cas les plus graves, notamment quand des fausses déclarations à la CAF ont été établies ;
  • Les différents préfets qui se sont succédés et qui ne font pas respecter (contrôles) les arrêtés préfectoraux de logements insalubres ou impropres à l’habitation qu’ils prennent, ou qui se défilent dès que des propositions sont faites par le propriétaires sans en vérifier la pertinence ;
  • Guingamp-Paimpol Agglomération (GPA) qui, de source sûre, refuse la proposition de mettre en place un permis de louer sans doute pour des raisons électoralistes (ne pas froisser les propriétaires qui eux votent, et bien, à contrario des « cassos » qui ne votent pas ou mal) ;
  • GPA qui, de sources sûres, refuse de mettre en place un service d’hygiène pour contrôler les logements sous couvert de problèmes de financement alors que des solutions pour se financer et non appliquées chez nous existent : TLV/THLV, majoration de la taxe d’habitation pour les logements secondaires. Il suffit juste d’avoir une volonté politique, souvent en contradiction avec les contraintes électoralistes ;
  • La grande majorité des élus dont la seule ambition après avoir été élu est de marquer leur passage et préparer leur réélection si ce n’est passer un cran au dessus (département, région, Assemblée Nationale,…) ;
  • La très grande majorité des députés, sénateurs, conseillers départementaux et régionaux, pour leur inaction flagrante dans la lutte contre l’habitat indigne ;
  • La grande majorité des associations qui disent lutter contre l’habitat indigne mais demandent une cotisation avant de faire quoi que soit (subventions au nombre d’adhérents ?) : ce n’est pas le cas d’ALCHI (entièrement gratuite) et ça le restera ;
  • Enfin les rédacteurs en chef des journaux locaux qui, sous perfusion des subsides octroyés par les élus locaux, n’ont jamais lancé d’investigation poussée sur ce sujet pour aller chercher les responsabilités de tous dans ce fléau (politique, associatif, justice, représentants de l’état,…) et qui se cantonnent à relayer les articles qui font le buzz voire (on en a eu vent) à censurer des articles de leurs pigistes pour ne pas froisser les susceptibilités des élus.

Maintenant nous souhaitons remercier, sincèrement et profondément :

  • nos avocates (au TI et au TA) pour leur implication et le suivi méthodique des dossiers, ainsi que leur soutien ;
  • les locataires qui nous soutiennent même une fois leur procédure terminée ;
  • les donateurs, petits et grands, qui nous permettent d’aider les plus démunis : frais postaux, frais d’impression, matériel informatique, matériel de diagnostic, etc. ;
  • la CGT Guingamp avec qui les dossiers se regroupent parfois et qui nous soutient depuis quelques années maintenant ;
  • et bien évidemment nos quelques (sic) bénévoles !

Au vu de ces dix premières années il est évident que rien n’est réellement fait pour lutter contre le logement indigne (un numéro vert, sérieusement ?!), qu’il n’y a aucune volonté politique, que ce soit au niveau local comme au niveau national. Nous avons identifié un certain nombre de failles (et des propositions de solutions) et avons quand même réussi à faire bouger quelques lignes (par exemple avec la CAF/MSA) mais c’est loin d’être suffisant. Bref, c’est un sujet qui n’intéresse pas grand monde (la société du spectacle est passée par là) mais ça touche plus de monde qu’on ne le pense. Un logement décent est un droit, et non une lubie ni un désir de privilégié, pour les locataires. Les propriétaires ont le devoir de louer un logement décent. Il nous faut absolument traquer et combattre ceux qui louent des taudis pour se faire du fric sur le dos non seulement de ceux qui sont déjà dans la panade (c’est ça où tu dors à la rue) mais aussi des contribuables, parce que les FSL et APL sont de l’argent public : ce sont eux les parasites !

Nous aimerions sabrer le champagne mais nous n’avons pas les moyens et ce n’est pas dans nos habitudes, donc pour fêter ça nous avons gentiment préparé quelques assignations, notamment au TA, pour les mois à venir, maintenant qu’ALCHI peut le faire en son nom propre. S’il le faut nous irons chercher les responsabilités où elles sont. Et comme le montre le présent article, soyez assurés qu’aucune compromission ne sera tolérée.

Comme toujours, nous ne lâcherons rien ! À bon entendeur…